Les limites de la vaccination des salariés prioritaires

La ministre du Travail, Elisabeth Borne, et le secrétaire d’Etat à la Santé au travail, Laurent Pietraszewski, ont fait le point ce lundi avec les partenaires sociaux sur la stratégie de vaccination.

Par Leïla de Comarmond Publié le 27 avr. 2021 à 6:30

Il est trop tôt pour disposer de données chiffrées sur le succès de la priorité donnée à quelque 400.000 salariés particulièrement exposés au Covid pour se faire vacciner : elle a démarré ce samedi. Mais le sujet devait être remis sur le métier ce lundi en fin de journée, lors d’une nouvelle réunion de la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et du secrétaire d’Etat à la Santé au travail, Laurent Pietraszewski, avec les leaders patronaux et syndicaux. La vaccination des salariés était en effet l’un des deux points à l’ordre du jour de ce rendez-vous, le second étant l’adaptation à venir du protocole sanitaire en entreprise et en particulier son volet télétravail .

Si le syndicat des banques et du crédit de la CFE-CGC a écrit à Elisabeth Borne et à Bruno Le Maire pour demander l’extension de la priorité vaccinale aux salariés de ce secteur, les demandes n’affluent pas pour venir rejoindre la liste des professions prioritaires.

Seulement les plus de 55 ans

L’intérêt est limité pour deux raisons. La première est la valeur effective du coupe-file professionnel. En Ile-de-France par exemple, les centres de vaccination dédiés aux publics prioritaires sont rares à proposer de nouveaux rendez-vous. La seconde est la limitation de la vaccination aux plus de 55 ans, qui s’applique aussi aux métiers prioritaires.

Il s’agit d’un point fondamental de la stratégie de vaccination à laquelle tient le gouvernement, que la « Madame Vaccin » du ministère de la Santé, Laetitia Buffet, devait présenter aux partenaires sociaux lors de la réunion de ce lundi.

L’incertitude demeure sur la manière dont seront traitées les professions les plus exposées lors des prochaines étapes de la campagne, a priori le 15 mai pour les 50 à 54 ans et à partir du 15 juin en deçà. «Le calendrier et les critères d’ouverture de la vaccination à de nouvelles catégories de publics se fera sur décision des autorités sanitaires», explique-t-on dans l’entourage de Laurent Pietraszewski.

A l’occasion de la réunion de la semaine dernière, Elisabeth Borne a demandé au patronat de faciliter la vaccination de leurs salariés durant le temps de travail. L’un des moyens est de demander au médecin du travail qui suit l’entreprise de s’en occuper. Les derniers chiffres du secrétariat d’Etat à la Santé au travail font état de 409.023 injections réalisées par 1.670 médecins au 22 avril, contre 336.674 injections onze jours avant. Les injections réalisées au sein même des services de santé sont en nombre plus limité : 43.753 ont été dénombrées au 22 avril.

Marge de progression

Il y a une marge certaine de progression, que confirme l’enquête Acemo-Covid publiée par le ministère du Travail ce lundi. Selon celle-ci, « dans la moitié des cas, les entreprises ne se positionnent pas sur le sujet, soit parce qu’elles ne sont pas concernées (6 %, faute de service de santé apte, en leur sein, à pratiquer la vaccination ou en raison de l’absence de salariés prioritaires), soit parce qu’elles ne savent pas si leur service de santé pratique effectivement ces vaccinations (43 %) ».

Sur l’autre moitié des entreprises, près des trois quarts offrent à leurs salariés la possibilité de se faire vacciner via son service de santé au travail. Sept salariés sur dix travaillant dans une très petite entreprise (10 à 19 salariés) n’y ont pas accès, contre un sur trois au-delà de 500 salariés.

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